dimanche 23 septembre 2012

Polly lit (quelques best-sellers)

Pour faire mon intéressante, j'ai lu Mrs Dalloway sur la plage cet été. C'était plaisant, la qualité de l'écriture de Virginia Woolf est bien là, les images sont belles, le rythme agréable, mais il faut reconnaître que ce n'est pas passionnant, même si tout ce qui est ancien résonne en moi comme si je l'avais vécu dans une vie antérieure. Je suis peut-être un peu limitée mais rien ne vaut quand même un bon polar!!!

De la même façon, j'ai été déçue du best-seller de l'été, La mort s'invite à Pemberley, une enquête policière imaginée par l'une des reines du genre, P.D. James, sur la base des personnages d'Orgueil et préjugés de Jane Austen. Ayant renoué avec Jane ce printemps à un moment où je me posais beaucoup de questions sur la difficulté de la vie à deux de nos jours, je me suis jetée sur ce livre mais je suis restée sur ma faim. J'ai tourné et tourné les pages non pas pour connaître le dénouement mais pour y trouver un semblant d'intrigue. J'ai eu du plaisir à retrouver les personnages austiniens et leurs caractères stéréotypés, mais après le meurtre qui intervient dans le premier quart du livre, il ne se passe rien ou presque avant le procès du principal suspect, le beau Wickham. Pour mémoire, Pemberley est le somptueux domaine de Darcy. Il y vit désormais avec sa bien aimée Elizabeth et leur deux enfants, une vie d'aristocrate du début du 19e siècle rythmée par les problèmes d'intendance, la conservation de ses rentes et les bals, seules animations de la vie sociale à la campagne. Les Darcy reçoivent souvent les Bingley, l'autre couple vedette de Orgueil et préjugés, soit la grande soeur d'Elizabeth, Jane et son époux, Charles. Mais c'est encore par leur insolente et sotte cadette Lydia que le malheur va arriver lorsqu'elle fait une entrée hystérique le soir avant le bal annuel (auquel elle n'est pas invitée) en hurlant que son mari a été assassiné dans les bois. On se souvient que Lydia avait créé le scandale en s'enfuyant avec un officier de peu d'honneur, Wickham, ami d'enfance de Darcy dont les mensonges et les manipulations avaient fini par l'éloigner. Bref, c'est évidemment les relations entre les gens conditionnés par leur position dans la société qui font le sel de ce roman. Les codes de l'époque sont parfaitement maîtrisés par la nonagénaire Phyllis Dorothea James qui a dû se régaler mais bon, il manque quand même un peu de piquant à ce banquet!
La mort s'invite à Pemberley, de P.D. James, éditions Fayard, 380 pages


Autre auteur culte que j'ai relu cet été, Lucia Etxebarria a publié ce qu'elle a annoncé comme son dernier roman, pour protester contre la généralisation du piratage qui sévit apparemment autant dans la littérature que dans la musique. Dommage, j'ai bien aimé cette histoire qui coule de la bouche même des personnages racontant chacun à leur tour un bout de leur vie, tissant ainsi une intrigue plus psychologique que policière, mais bien glauque quand même. Ainsi Gabriel quitte son appartement londonnien et sa fiançée névrosée pour partir à la recherche de sa soeur happée par une secte à Ténériffe. Tous les membres se sont apparemment noyés mais on n'a pas retrouvé le corps de Cordélia donc l'espoir persiste, en tout cas pour son amie Helena et ce frère qui ne l'a pas vue depuis 10 ans. Le drame familial se mêle au passé historique de l'archipel des Canaries dont l'isolement a attiré criminels nazis en fuite et gourous de sectes interdites. C'est parfois long mais les sous-bassements de l'âme humaine y sont tellement bien décrits qu'on croche quand même et qu'on espère jusqu'au bout un happy end improbable.
Le contenu du silence, Lucia Etxebarria, éditions Héloïse d'Ormesson,400 p.

Encore une impression mitigée du dernier Elizabeth George qui est une habituée de ce blog et que je lis avidemment depuis des années. Avec Anne Rice, c'est même la seule auteur dont j'ai relu plusieurs fois les romans tellement j'aime. Mais ses publications se suivent avec une régularité qui devient presque lassante. Surtout qu'on s'est attaché à ses personnages comme à des vieux amis et qu'on ne supporte plus de les voir tourner en rond. Cela fait plusieurs tomes que leur évolution est subtile pour utiliser un euphémisme, depuis la mort injuste d'Hélène dont on ne s'est pas plus remis que son mari l'inspecteur Lynley, aristocrate anglais travaillant pour Scotland Yard. De même Simon et Deborah, que la vie a uni alors que tout les sépare, se battent toujours avec leur désir d'enfant, depuis 12 épisodes! Même le titre de cette 17e enquête a un air de déjà vu (en français en tout cas) puisque Un Nid de mensonges a précédé cette Ronde des mensonges de 9 ans. Mais voilà, quand on aime, on pardonne, et je suis sûre que comme moi, toutes les fans d'Elizabeth George iront religieusement acheter leur exemplaire, liront les 650 pages en quelques jours et le rangeront avec les autres dans leur bibliothèque. Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue elle-même, qui vous fera cette fois découvrir la région des lacs, le Cumberland, avec les mêmes ingrédients que d'habitude, secrets de famille, vicissitude et douleurs de l'âme. Attention, ce livre ne sort que le 4 octobre!
La ronde des mensonges, Elizabeth George, Presses de la Cité, 657 p.

Pour du bon polar bien lourd, rien ne vaut ce taré de Jean-Christophe Grangé. Vous allez être servies côté hémoglobine et psychopathe avec cette double enquête menée par un flic au bord de la folie, Olivier Passan. Sur les traces d'un tueur en série baptisé L'Accoucheur, le héros et sa famille semblent victime d'une vengeance personnelle où se mêlent références à la mythologie grecque et au Japon des samouraïs. C'est insoutenable, à chaque chapitre un nouvel élément vient densifier l'intrigue à la limite du paranormal, un suspens haletant jusqu'à la dernière page et une construction dramatique qui ne laisse aucun doute sur la future adaptation du roman au cinéma, comme la plupart des autres titres de l'auteur des Rivières Pourpres. Les scenarios sont certes alambiqués et d'une noirceur sans pareil mais l'imagination extrême de l'écrivain se base sur une solide connaissance de chacun des milieux qu'il décrit, tout est extrêmement bien documenté, fondé, maîtrisé. Pour la petite histoire, comme son commandant Passan, Grangé vit avec une Japonaise, donc les différences culturelles entre les deux pays, il connaît sans doute par coeur! Un régal.
Kaïken, de Jean-Christophe Grangé, Albin Michel, 472 p.


 
Je ne résiste pas à vous parler de ce petit bijou ressorti d'une de mes piles de livres à lire, paru en mars 2011...Un roman norvégien froid et brillant comme la banquise qui entoure ses protagonistes. Bea, illustratrice de renom dépendante à l'alcool, embarque sur un rafiot pour une rude croisière dans le Grand Nord. En proie à des démons intérieurs, elle cogite une vengeance personnelle qui va faire long feu. Ecologie, relations humaines et crimes honteux sous-tendent ce roman sans prétention qui m'a passionné malgré la lenteur de l'intrigue, qui se déroule au rythme du bateau dans les fjords gelés. Je m'attendais à un polar, il n'y aura pas vraiment de meurtre ni d'enquête mais un destin tragique et une belle fable pour la défense des ours polaires sur lesquels j'ai appris beaucoup de choses! Je vous le recommande donc chaudement pour les longues soirées glacées à venir! Moi je l'ai lu sur la plage et le contraste était plus rafraichissant qu'un climatiseur!
Zona Frigida, Anne Birkefeldt Ragde, éditions Balland, 384 p.

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