Le sentiment de bonheur ou de malheur est-il subjectif? Je me pose souvent cette question. Mon bonami dit que je suis une horrible pessimiste, ce que je ne conteste pas. C'est une façon de me protéger des déceptions inévitables de la vie, comme ça, je suis surprise en bien, mais c'est vrai que je pars souvent perdante. Je déteste les gens qui se plaignent tout le temps, et je pense que moi la première, on pourrait avoir envie de me donner des claques quand je raconte mes "malheurs", ce que j'essaie toujours de faire avec humour. Mais j'ai quand même l'impression qu'à chaque fois que je pars en voyage, je cumule les retards, embrouilles et autres contretemps pas toujours drôles.
Là par exemple, je rentre de Paris où j'ai assisté à la présentation du nouveau parfum Roger & Gallet. Vous le savez maintenant, je suis habituée à ces sauts de puce d'un jour dans la capitale française, au pays du luxe et de la volupté. Cela peut paraître ultra glamour et très enviable, mais ce n'est pas sans contrepartie. Je dois travailler plus avant et après pour m'absenter du bureau (personne n'écrit mes 3 à 4 pages hebdomadaires quand je ne suis pas là). Je me lève tôt et me tape en général une belle insomnie parce que j'ai peur de rater le train, de ne pas avoir la bonne tenue, de foirer mon interview (oui, cela reste du travail et c'est stressant). D'ailleurs ce n'est pas un hasard si je n'ai rien écrit ce week-end, je suis morte de fatigue. Et pour cause: les éléments étaient contre moi une fois de plus. Je vous laisse juger...
Je suis partie jeudi matin en TGV depuis Genève. Peu après Macon, notre train s'est arrêté en pleine campagne pour une panne indéterminée. J'ai plus ou moins l'habitude. Après 40 minutes à attendre une solution, il a été décidé que nous retournerions en marche arrière jusqu'à Macon pour changer de train, le nôtre n'ayant plus de freins! Transvaser les passagers d'un train complet n'a pas été facile et une personne a été blessée dans la panique, il a fallu faire venir les secouristes. Les annonces se sont succédées au micro et nous sommes finalement arrivés à Paris gare de Lyon avec 2 heures de retard. Sur un trajet de 3h, c'est pas mal. Du coup, j'avais 30 minutes pour me rafraîchir et me changer dans ma chambre d'hôtel, sauf que la réception m'a donné la clé d'une chambre déjà attribuée (y'avait les affaires d'une autre personne dedans!), j'ai perdu encore 5 minutes et j'ai été assez désagréable parce que j'avais faim (avec tout ça, j'avais sauté le déjeuner, grrrr). Je pensais mettre un jupe mais en enfilant mes collants, j'ai vu qu'ils étaient filés, grrrr. J'ai remis mon pantalon.
Bref. La conférence s'est bien passée, le jus est très réussi, les petits fours aussi (en haut du foie gras et en bas, un truc dingue au basilic). L'interview du parfumeur était un peu rocambolesque mais comme je ne vais pas vraiment la publier, ce n'était pas grave. La soirée était on ne peut plus charmante, au restaurant d'Hélène Darroze, où dînaient entre copines Salma Hayek et Julianne Moore (elles sont sublimes en vrai, si fraîches, si naturelles, si jeunes et jolies!). J'ai vu sur Internet qu'elles avaient tourné ensemble le dernier épisode de 30 Rock, ceci explique leur amitié.
Après une courte nuit, je me suis levée avec un léger mal de tête malgré la qualité indéniable du champagne et des vins proposés. J'avais quelques heures devant moi avant de reprendre le train, tant qu'à faire, je voulais profiter un peu de Paris. J'avais rendez-vous avec une amie pour le déjeuner mais j'avais trois bonnes heures devant moi. Mon hôtel était à Saint-Germains-des-Prés, je voulais faire un peu de shopping mais comme il pleuvait, j'ai décidé d'aller au Grand Palais en métro pour tenter de voir la fameuse expo d'Edward Hopper (trois derniers jours), à 4 stations sur une ligne directe. J'avais deux tickets dans la poche d'un précédent voyage mais la borne automatique ne les a pas voulus... Je me fais un flip à chaque fois depuis que je suis restée coincée entre le tourniquet et la porte en métal, ce métro me rejette (à moins que ce soit cette fameuse scoumoune?). Je me suis collée à un type qui passait par le portail spécial bagages, avec ma petite valise et hop, direction place de la Concorde. Je marche la dernière station pour ne pas changer de ligne, sous la bruine sans parapluie, je me trompe d'entrée au Grand Palais, je le contourne pour découvrir la queue de 3 kilomètres. Je présente ma carte de presse à l'agent de sécurité, il me dit de passer. A la billetterie, on me dit de passer. Mais à l'entrée de l'expo, une dame très très méchante me passe un savon parce que les conditions ont changé et on ne peut plus rentrer avec une carte de presse (elle semble d'ailleurs ne pas reconnaître la mienne, pourtant universelle, qui nous coûte d'ailleurs très cher - ce n'est pas un cadeau!). Bref, me voilà à l'intérieur mais je me sens mal, en plus il y a tellement de monde qu'on peut à peine approcher des tableaux. Je trace à travers les salles et ressors 40 minutes plus tard. Je pensais être très en avance pour mon déjeuner, mais j'ai quand même fait la queue 15 minutes aux toilettes et 15 minutes à la consigne (pas très loin d'Amélie Nothomb!).
Re-émotion pour traverser la ville en métro, échanger mon ticket démagnétisé, changer de métro à Chatelet et marcher 3 kilomètres dans la station, pour enfin retrouver mon amie dans une pizzeria sympa près du Canal Saint-Martin! On papote on papote, trop contentes de se revoir, mais voilà qu'il ne me reste plus qu'une heure avant mon train. J'avais décidé de marcher jusqu'à la gare de Lyon pour flâner dans le Haut-Marais mais la pluie et le timing auront raison de mon programme, je dois me rabattre sur le métro depuis République, une station complètement en travaux dont je mets 5 minutes à trouver l'entrée!
TGV de retour sans histoire, si ce n'est une bonne vingtaine de minutes de retard... On est vendredi soir, je suis crevée, je n'aspire qu'à prendre un bain et me foutre en jogging devant la télé. Ce que j'ai fait, sauf le bain car il n'y avait plus d'eau chaude chez moi, GRRRR!
Alors, à votre avis, la panne de train, le couac à l'hôtel, les tickets de métro démagnétisés, la pluie sans parapluie, l'employée désagréable et l'absence d'eau chaude, c'est juste normal ou c'est quand même un peu la poisse?????
Heureusement qu'il y a Facebook, Instagram et Twitter pour ne montrer que les bons côtés de ma vie de journaliste si merveilleuse, n'est-ce pas???
Toujours avoir un chapeau sur soi en voyage ;) (un qui se plie donne de l'allure ET protège de la pluie... ).
RépondreSupprimerJe suis convaincue depuis des années (et maintes fois était prouvé dans ma vie) par la pensée positive. Au début, c'est un effort, à la longue c'est un réflexe. Il faut dire que je n'ai pas besoin de lutter, c'est dans ma nature d'être optimiste. Par contre je peste souvent mais lorsque je répète des phrases négatives au bout d'un moment je sais que cela va attirer l apoisse et je me ressaisis. J'ai un petit livre (prêté à mille cpines et perdu depuis) que j'ai fait lire à mon mari qui est lui, un pessimiste. Il en a vu les bienfaits.
Je crois que Dieu répond à nos besoins et que lorsque les vrais malheurs ont frappé à notre porte (je ne vais pas m'étaler mais avons failli perdre un de nos fils il y a trois ans) , tout le reste sont juste des peccadilles.
J'aurais pesté c'est certain, mais je pense qu'il ne faut pas voir cela comme de la poisse. Surtout ne pas le croire...
C'est un lieu commun de dire "ce qui ne tue pas rend plus fort" mais honnêtement c'est vrai. Ma phrase leitmotiv, "tomber 7 fois se relever 8".
Et chacun a son charme (et les qualités de ses défauts...), ton pessimisme est touchant ;)
a été prouvé grrrr., j'ai changé mes phrases en cours de route.. je en relis pas le reste donc ;)
RépondreSupprimerJ'adore! J'avais l'impression d'être lundi matin à 3 mètres de toi!
RépondreSupprimerParis, c'est l'enfer de TOUTE manière... Euh elles sont jeunes moore et Hayek? Elles font quoi tu crois?
C'est normal et à oublier aussi vite que c'est réglé...
RépondreSupprimerIl y a des jours avec et des jours sans.. Moi ,je suis une optimiste réaliste donc je râle ..Comme je suis vite angoissée dans les transports en commun,et que j'ai peur de prendre la mauvaise direction (ce qui n'arrive jamais )je pars 1h à l'avance pour ne pas courir,je ne prend que rarement des rdv ,bref j'essaye de vivre l'instant présent..Si ,je rale trop ou que je vois tout en noir ,je me moque de moi et ça marche;)Ton article est trés drôle,maintenant je suis de bonne humeur pour la journée merci Polly
RépondreSupprimer@sarah: j'ai lu des tas de livre sur la pensée pensitive et surtout, j'ai conscience de ma déformation mais je peux pas m'en empêcher... je sais bien que la vie est vache, j'ai quelques vrais drames autour de moi aussi, ce n'est pas dans le registre du quotidien... on ous répète depuis qu'on est en âge de comprendre qu'il y a sur cette terre des enfants qui meurent de faim... grande sensible que je suis, je pleure très souvent devant ma télévision... n'empêche que voilà! c'est mon côté gothique, je suis restée crochée au temps du romantisme noir, lautréamont sort de mon corps!
RépondreSupprimer@anne: mais je te jure qu'elles sont super fraîches, pas du tout liftées.. bon l'éclairage chez darroze était des plus flatteurs! amélie nothomb en revanche a bien l'air d'être elle (c'est la stature des stars qu'on voit uniquement en photo = 5 kilos de plus, je les trouve toujours plus grandes, ou plus petites, et surtout si fines - surtout salma et amélie)
@funambuline: oui, c'est exactement ce que je me dis, j'ai aussi la faculté d'oublier très vite, d'ailleurs après 24h, j'ai même hésité à publier le billet tellement c'était déjà loin dans mon esprit!
@chabada: oh merci, t'es chou! je me dis des fois que c'est notre société qui est folle et que j'aurais été mieux dans les années 50, mais ça aussi c'est une vue de l'esprit! bonne journée encore!
Tout ton voyage me paraît normal. Je vais souvent à Paris en TGV et en moyenne un train sur deux pose problème : retard ou mômes hyperindisciplinés ou adultes hurlant dans leur portables. Je suis incapable de composter mon ticket de train du premier coup (pourtant en général je m'entends assez bien avec les machines), j'aimerais bien étrangler celui qui a conçu le nouveau quai du TGV à Bellegarde (l'autre jour j'ai dû galoper sur 300 m en tirant ma petite valise à roulettes dans la neige pour rejoindre ma voiture).
RépondreSupprimerPar contre, j'ai eu un petit miracle, quand on connaît le peu d'amabilité des taxis parisiens: c'était il y a deux semaines, il neigeait, j'ai trouvé une voiture vers minuit et nous avons fait tous les deux un trajet merveilleux à travers Paris pour adminer les plus beaux monuments sous la neige. A l'arrivée, il ne voulait pas me compter toute la course, arguant qu'il n'avait eu que des parisiens râleurs toute la soirée et qu'il avait été enchanté de ce moment. Finalement nous avons transigé.
Je crois avoir pas mal bourlingé, et sauf à prendre un voyage en groupe tout organisé - et encore ! - tout voyage comporte sa part de bonnes et mauvaises surprises. toujours avoir un plan B et un plan C etc...
Bons futurs voyages
merci marie, ça me rassure!!!!
SupprimerEn même temps, si pas de panne de train, le couac à l'hôtel, les tickets de métro démagnétisés, la pluie sans parapluie, l'employée désagréable et l'absence d'eau chaude, auraient passés comme une lettre à la poste (quoique l'eau chaude, pas sûre, moi j'ai tout le temps froid). Je suis persuadée que tu t'auto-persuades que ta vie n'est que poisse, mais là quand même quoi!!! Je trouve au contraire que ton pessimisme est rageant ! T'es quand même allé à Paris, tu as quand même vu l'expo quoi (d'ailleurs, je suis sûre que tu imaginais très bien que ça pourrait être blindé...) Ok, c'est peut-être pas cool tous les jour ton boulot, et sûrement stressant parfois, mais tu peux toujours changer... et me le donner, j'échange volontiers ! :-ppp
RépondreSupprimerTout à fait d'accord Aurélie, mais il faut savoir que c'est CHAQUE FOIS COMME CA! La première fois que j'ai voulu aller à New York, c'était 2 semaines avant le 11 septembre (annulé), et j'avais des billets pour Tokyo un mois après le tsunami (annulé). Le métro est tombé en panne sur le chemin de l'aéroport à Berlin, Londres (4X!!!) et Barcelone, je ne compte plus le nombre de fois que je traverse un aéroport en courant et en nage pour attraper un avion in extremis, je ne prends plus le dernier vol easyjet du soir depuis que j'ai eu 3 heures de retard et payer 300 fr de taxi parce qu'il n'y avait plus de train pour rentrer jusque chez moi à Lausanne... je peux t'en raconter des pages et des pages comme ça, alors???? Vis ma vie, ok!
Supprimer* deux semaines après le 11 septembre, évidemment, sorry!
Supprimerje sais, ce sont des problèmes de nantis...
Supprimerje suis d'avis d'écrire un livre pour exorciser tout ça, mais aussi parce que c'est délicieux à lire (alors que j'imagine combien ça a pourtant dû être galère), la lectrice se dit qu'elle n'est pas seule à vivre de telles "surprises".
RépondreSupprimermon prof de yoga disait dernièrement que s'il n'y avait pas les journées grises, de bourrasque, de vent qui pique le nez, etc. nous n'apprécierions pas celles un peu bleues ;-)
enfin, ce n'est pas à Lausanne que l'on croiserait une Amélie Nothomb, ou que l'on pourra déguster un délicieux thé froid comme au Train Bleu, alors vive Paris.
j'ai un blog pour écrire tout ça! ;-) merci geneviève!
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