A la veille de m'enfuir une semaine à la montagne, je glisse l'indispensable polar dans mon sac et on profite pour partager mes trois derniers grands plaisirs de lecture. Camilla, Deborah et Elizabeth, ce sont mes trois reines du polar à moi dont je dévore chaque nouveau roman en quelques jours durant lesquels il ne faut pas me parler et rien me proposer, je suis dans un autre monde. La lecture, c'est magique, et ces femmes ont une imagination incroyable qui me fascine. Mais où vont-elles chercher des histoires aussi noires???

J'aime beaucoup
Camilla Läckberg, même si son écriture est un peu "professionnelle" parfois et que ses romans sont tous construits sur le même modèle... à succès! Mais dès le premier tome, je me suis attachée à son personnage d'Erika, qui a mon âge, écrit comme moi et a les mêmes préoccupations que moi. Ca me parle, et je me suis aussi entichée de ces ambiances suédoises, les noms de villages ou de rues imprononçables (un jour, j'irai à Fjällbacka), la mentalité des gens du Nord, les longues descriptions de paysages. Pour moi, Stieg Larsson est quand même un niveau au dessus avec sa trilogie
Millenium mais Camilla a une écriture plus féminine, évidemment.
L'Oiseau de mauvaise augure est donc son quatrième roman traduit, comme d'hab on y trouve un meurtrier qui cache des choses de son passé avec un double récit qui fait monter peu à peu les souvenirs à la surface même si ces chapitres en italique intercalés sont très énigmatiques. Belle intrigue quand même, belle noirceur de l'âme humaine et beaux sentiments dans lesquels sont empêtrés ses personnages. Je ne vous en dit pas plus, ce serait dommage! Je crois que mon préféré, c'est quand même
Le Tailleur de pierre (le troisième), pour le destin incroyable d'Agnès traversant le siècle et les milieux sociaux, maltraitée mais résiliente, en filigrane.

J'ai découvert
Deborah Crombie tardivement, du coup je peux rattraper mon retard en dévorant un à un tous ses livres déjà parus. Bon, c'est aussi très inspiré d'Elizabeth George. Comme elle, elle vient des Etats-Unis mais place toutes ses intrigues en Grande-Bretagne. Comme elle, ses deux héros sont un couple de policiers aux relations complexes qu'on suit d'un épisode à l'autre tout en visitant le Cheshire ou les bas-fonds de Londres. Que du bonheur.
Les larmes de diamant est paru début novembre. L'inspecteur Duncan Kincaid et sa compagne Gemma James ne travaillent plus ensemble puisqu'ils sont en couple mais cette enquête va les réunir malgré eux autour d'une broche en diamants exceptionnelle. Création d'un grand orfèvre juif, elle avait disparu en Allemagne durant la Deuxième guerre mondiale et réapparaît dans une vente aux enchères londonienne, ravivant d'anciennes blessures pour ceux qui l'ont possédée et provocant d'autres conséquences plus fâcheuses pour ceux qui l'ont eu entre les mains depuis. Destin personnel et histoire se mêlent avec beaucoup de sensibilité, avec ici aussi un récit parallèle décalé dans le temps et rajoutant à l'intrigue. C'est le genre de roman qu'on ne peut plus lâcher une fois qu'on s'y plonge! Et pour les amoureux de Londres, c'est un voyage gratuit dans cette ville merveilleuse.

Mais ma préférée, c'est
Elizabeth George, la reine indétrônable du suspens. J'ai lu ses 17 romans, la plupart plusieurs fois, certains en anglais pour pratiquer, et j'ai vraiment l'impression de connaître personnellement ses personnages si attachants, le sergent Barbara Havers, le lieutenant Thomas Linley, huitième comte d'Asherton (aaaaah, l'aristocratie anglaise, comme ça me fascine, leurs manoirs, leurs secrets de famille, leur vie complètement décalée) et les gens qui les entourent, Deborah, Simon Saint-James, Hélène... J'ai souffert avec eux, compati, ri, espéré. Chaque nouvel épisode est un immense bonheur et très vite une frustration en tournant la dernière page (quoi, c'est déjà fini!), un sentiment de manque et une longue attente jusqu'au prochain. Bon, Elizabeth George est si prolixe qu'elle sort quasi un livre par année, telle une machine bien rodée, mais c'est moins flagrant qu'avec Camilla ou l'automate Nothomb. Dans ce
Cortège de la mort, on s'immerge dans la New Forest du Hampshire au milieu des poneys et des toits de chaume, on fait des allers-retours entre Londres bien sûr et ce coin de campagne, on assiste au retour à la vie de Linley après la terrible épreuve qui l'a frappé il y a quelques mois (mais comment a-t-elle pu nous faire ça?????), on fait connaissance avec chacun des protagonistes, tous suspects, et on lit une fois de plus une histoire parallèle intercalée entre les chapitres de l'enquête en attendant que toutes les pièces du puzzle s'assemblent avec brio comme seule sait le faire Mrs George, des frissons le long de la colonne vertébrale...
Je vous souhaite de longues heures de lecture et beaucoup d'émotions! Bonnes vacances à toutes!