dimanche 4 mars 2012

Polly lit (des polars US)

Trois héroïnes américaines ont peuplé mes nuits ses dernières semaines et je ne leur ai dit au revoir qu’à grand regret tant leur vie m’a tenue en haleine. Allons-y crescendo dans le suspens et pas forcément chronologiquement, quoi que.

Emma Graham, 12 ans, vit à Spirit Lake, une petite ville de l’Amérique profonde des années 50. Grande admiratrice de Perry Mason, cette détective en jupette a des activités assez étranges pour une fillette de son âge. Pourquoi ne va-t-elle pas à l’école ? je ne l’ai pas su, peut-être parce que je n’ai pas lu ses précédentes aventures (apparemment, c’est un personnage récurrent des romans de Martha Grimes). Dans Le Mystère de la chambre 51, elle enquête sur un triple meurtre et une histoire d’enlèvement de bébé 20 ans auparavant, sous la couverture de son travail de reporter pour le journal local. Entre deux, elle donne un coup de main à sa mère cuisinière talentueuse dans un petit hôtel familial et prépare des cocktails inventifs pour sa grande tante Aurora Paradise qui vit recluse au dernière étage de l’établissement qui porte son nom. Un passe-temps peu de son âge, sans parler de ses virées en ville et aux alentours pour les besoins de ses recherches, pour lesquelles elle prend le taxi, et ses arrêts au drugstore du coin où elle mange des donuts et des cheesecakes. Le monde vu au travers de ses yeux est ainsi délicieusement imagé et éminemment manichéen. La suivre reconstituer la vie de ses suspects est finalement plus intéressant que l’intrigue elle-même, un rien désuète. J’ai aimé évidemment le portrait de cette société américaine 50’s que je fétichise et la jeune narratrice qui aurait pu être moi.

Le Mystère de la chambre 51, de Martha Grimes, Presses de la Cité, 427 pages.


Un autre roman écrit à la première personne dont on ne saura pas le nom de l’héroïne, ni l’époque où elle vit (années 40 ? 50 ? 60 ?) ni la ville où se déroule l’action (Atlantic City ? Las Végas ? Los Angeles?) malgré de nombreux indices qui font qu’on arrive quand même assez bien à planter le décor. L’héroïne est donc employée de commerce dans une petite entreprise quelconque mais ses talents de comptable habile à falsifier quelques entourloupes la propulsent dans la sphère de Gloria Denton, une femme d’un certain âge, froide et belle, acoquinée à la pègre locale. Elle devient sa pouliche et même plus : l’élève ne tarde pas à dépasser le maître. Une version féminine de l’univers noir de James Ellroy, entre corruption, meurtres sordides et grosses berlines. Megan Abbot a sorti depuis un nouveau livre, Red Room Lounge, qui devrait bientôt rejoindre ce Adieu Gloria dans ma bibliothèque.

Adieu Gloria, de Megan Abbott, éditions Le Masque, 256 pages.


Mary Ann Graves a 19 ans et vit dans l’Illinois en 1846. Son histoire est racontée par son arrière-petite-fille qui a reconstitué le tragique destin de son aïeule grâce aux archives familiales et historiques. Ce récit biographique se dévore comme un polar tant on est pris par les aventures de cette famille de pionniers qui décide, comme tant d’autres à cette époque, de vendre leurs maigres biens et tout quitter pour une vie meilleure sur les terres prometteuses de l’Ouest américain. Partis les poches pleines de pièces et la tête pleine de rêves à la fin du printemps pour un voyage qui devait durer 4 mois, la famille Graves, Franklin, Elizabeth et leurs neuf enfants, a connu la faim, le froid, la maladie, la peur, le désespoir et même pire en traversant une Amérique encore inconnue et inhospitalière à cette époque. Seuls six d’entre eux arrivèrent un an plus tard presque morts en Californie pour témoigner de l’un des épisodes les plus noirs de la conquête de l’Ouest où pour survivre, les rescapés ont été contraint de manger leurs morts. Terrible. Mon livre préféré des trois pour l’originalité du sujet et les frissons que procure les aventures véridiques de ces héros d’un temps pas si lointain.

Ma grand-mère cannibale, deFrance Bequette, éditions Prisma, 192 pages + 4 pages de photos.

8 commentaires:

  1. Il a l'air super dur le troisième, pas trop déprimant?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui, il est très fort émotionnellement, mais pas déprimant je dirai, c'est assez renversant d'imaginer ce que ces colons ont vécu... ils avaient bien du courage et ont construit l'amérique...

      Supprimer
  2. Ta proposition n°1 me tente beaucoup pour son univers et point de vue original, mais tu dis l'intrigue un peu légère, valable quand même? Tes dernières recommandations m'avaient conquises...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. une lecture assez légère mais divertissante! j'ai eu envie de lire les autres alors c'est bon signe! sinon j'en parlerai pas!

      Supprimer
  3. +1, Carine! L'ouvrage de Martha Grimes me tente également suite à cet intriguant synopsis.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ca ferait un bon téléfilm, non, franchement, je connaissais pas martha et j'ai bien aimé l'écriture et l'ambiance!

      Supprimer
  4. Super sympa ton blog, je l'ai découvert via celui de la Méchante! D'une lausannoise comme en plus, si j'ai bien compris! A bientot!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. merci, je vais voir le tien aussi! tu es de lausanne aussi? on commence à être une jolie communauté, j'adore!

      Supprimer